Après avoir passé en revue plus de 200 études sur l'impact de la pollution lumineuse sur les insectes, des chercheurs affirment que ce facteur jouerait un rôle crucial dans le déclin de leurs populations. Réduire l'excès de lumière pourrait ainsi aider à freiner leur disparition. A l'occasion du Jour de la Nuit le 9 octobre 2021, retour sur l'importance de cette biodiversité nocturne.
Les insectes connaissent un déclin mondial sans précédent. Selon une étude parue en 2017, la biomasse des insectes volants auraient diminué de 75% en Allemagne en l'espace de trente ans. Un phénomène confirmé deux ans plus tard par une autre étude ayant conclu que plus de 40% des espèces seraient aujourd'hui menacées d'extinction.
Perte d'habitat, changement climatique, pollution chimique et pesticides ou encore espèces invasives, plusieurs facteurs sont invoqués pour expliquer cette hécatombe. Mais c'est un autre phénomène qu'une nouvelle étude publiée dans la revue Biological Conservation met en lumière. Un facteur plus méconnu qui jouerait pourtant un rôle crucial dans la disparition des insectes : la pollution lumineuse.
Un éclairage artificiel devenu omniprésent
Le problème n'est pas nouveau. Au cours des dernières décennies, la lumière artificielle est devenue omniprésente dans notre quotidien, en particulier la nuit. Il suffit d'observer une photo de la Terre capturée depuis l'espace pour constater que dans de nombreuses régions, la nuit n'est plus synonyme d'obscurité totale. Une pollution que dénoncent depuis plusieurs années les spécialistes.
Car cet excès de lumière ne fait pas que masquer les étoiles ou gaspiller de l'énergie. Il affecte aussi les écosystèmes et leurs habitants. Pour évaluer l'impact de cette pollution sur les insectes, les auteurs de la nouvelle étude ont mené une méta-analyse de plus de 200 travaux scientifiques sur le sujet. Leurs conclusions confirment que ces animaux n'échappent pas au phénomène.
La lumière artificielle nocturne "peut affecter les insectes dans presque tous les aspects de leur vie", en les rendant incapables de remplir certaines fonctions biologiques, explique dans un communiqué, Brett Seymoure de l'Université Washington de St Louis. L'un des exemples les plus répandus est celui du papillon de nuit volant autour d'une ampoule allumée qu'il confond avec la lune.
D'après des recherches citées dans l'étude, un tiers des insectes piégés dans les environs de ces lumières meurent dans la nuit, soit de fatigue soit en étant mangé par un prédateur. Chez certaines espèces, la pollution lumineuse affecterait également la recherche de nourriture, la rencontre de partenaires ou encore le développement des jeunes insectes.
La lumière, une cause majeure de mortalité
Face à un tel constat, Brett Seymoure et ses collègues affirment que la lumière artificielle serait l'une des causes majeures de la mortalité des arthropodes. "Nous pensons vivement que la lumière artificielle de nuit - associée à la perte de l'habitat, la pollution chimique, les espèces invasives et le changement climatique - est le moteur du déclin des populations", écrivent les chercheurs dans leur rapport.
"Nous avançons ici que la lumière artificielle de nuit est un autre facteur important - mais souvent sous-estimé - de l'apocalypse des insectes", poursuivent-ils. Une apocalypse qui pourrait avoir de sérieuses conséquences sur notre quotidien. "La plupart de nos cultures - et des cultures pour nourrir les animaux que nous mangeons - ont besoin d'être pollinisées, et la plupart des pollinisateurs sont des insectes", a rappelé Seymoure.
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