L'interview du Pr Kenny KALE, à l'occasion de la manifestation APS Global Physics du 01 avril 2025 dernier

L'interview du Pr Kenny KALE, à l'occasion de la manifestation APS Global Physics  du 01 avril 2025 dernier
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Pr Kenny KALE SAYI, professeur à l'UNIKIN à la Mention(Département) Physique et Technologie de la Faculté des Sciences et Technologies. Chercheur Associé - Chef de la Cellule Physique Subatomique - COMMISSARIAT GENERAL A L'ENERGIE ATOMIQUE - Centre Régional d'Etudes Nucléaires de Kinshasa.
1. Pouvez-vous vous faire connaître auprès des internautes, en ce qui concerne votre parcours académique et professionnel ?
Je suis physicien de formation, docteure en sciences et professeur à l'Université de Kinshasa. Mon parcours universitaire m'a conduit de la République Démocratique du Congo, après ma licence en physique ( 5 années) puis la France, où j'ai fait mon master et mon doctorat en physique subatomique. En parallèle de mes activités académiques, j'exerce également des responsabilités en tant que chercheur au Commissariat Général à l'Énergie Atomique (CGEA), avec pour responsabilité celle de de Chef de la Cellule de Physique Subatomique.

2. Quelles ont été les motivations qui vous ont poussée à faire la physique ?
Une fascination pour les lois fondamentales de la nature et un besoin de comprendre le "pourquoi" des choses. La physique permet de relier des phénomènes concrets aux modèles mathématiques abstraits. C'est une science d'élégance, mais aussi de rigueur.

3. C'est quoi APS Global Physics ?
APS Global Physics est une initiative de l'American Physical Society visant à créer une plateforme inclusive pour les physiciennes et physiciens du monde entier, avec un accent sur la diversité, l'équité et l'engagement international. Elle favorise les échanges scientifiques à travers les frontières et soutient l'accès ouvert à la connaissance.

4. Quel était le thème principal de la conférence de ce 1er avril 2025 ?
Le thème principal portait sur les technologies quantiques, explorant comment la recherche fondamentale en physique quantique et appliquée peut répondre aux défis sociétaux majeurs : énergie, santé, environnement, intelligence artificielle, et résilience climatique, informatique quantique.

5. Depuis quand la Mention de Physique et Technologie s'est rapprochée de APS Global Physics et pourquoi ce rapprochement ?
Le rapprochement s'est initié en 2023. L'objectif était de connecter nos chercheuses et chercheurs aux dynamiques scientifiques internationales, de bénéficier de l'expérience de l'APS en matière de dissémination du savoir, et de stimuler les vocations locales par une ouverture aux grandes avancées contemporaines.

6. Pourquoi la participation de Madame la Ministre Raïssa MALU était-elle importante ?
Physicienne de formation, la présence Madame la Ministre Raïssa MALU visait à souligner la reconnaissance politique de la place de la science dans le développement national. Elle incarne la volonté du gouvernement de reconnecter l'école et la recherche aux défis congolais contemporains. Son discours a permis de montrer que la science n'est pas un luxe, mais une nécessité.

7. Le déroulement de l'événement s'est-il bien passé ?
Absolument. La retransmission en direct a permis une participation élargie. L'organisation a été fluide, les échanges riches et les retours très positifs.

8. Les prévisions sont-elles atteintes ?
Oui, tant en termes de participation que d'impact. Le public visé a répondu présent : étudiants, chercheurs, enseignants, décideurs et partenaires.

9. Qu'est-ce qui est poursuivi par la Mention Physique et Technologie à travers cet événement ?
Affirmer notre rôle de leader académique dans les questions scientifiques de portée mondiale. Montrer que la RDC peut participer aux grands débats contemporains et former des scientifiques engagés et compétents.

10. Quelles ont été les communications majeures de la journée ?
Parmi les interventions notables : les applications de la physique quantique en informatique quantité, l'usage de l'IA en modélisation physique, et des présentations sur l' impact des aérosols dans les équilibres climatiques.

11. Sur quoi ont planché les travaux localement ?
Les échanges ont porté sur la réforme de l'enseignement de la physique quantique, la structuration de pôles de recherche appliquée, et la mutualisation des infrastructures scientifiques.

12. Que pouvons-nous espérer à l'avenir suite à cet événement ?
Un renforcement des collaborations avec les institutions internationales, un accès accru à des formations de pointe, et une plus grande attractivité des carrières scientifiques pour les jeunes congolais.

13. Quelles sont les applications des communications faites durant la conférence ?
Nombreuses : informatique quantité, l'usage de l'IA en modélisation physique, et l' impact des aérosols dans les équilibres climatiques.

14. La résolution des problèmes environnementaux peut-elle bénéficier des communications ?
Oui. Les approches de modélisation physique, l'analyse des rayonnements et les techniques quantiques peuvent aider à monitorer, prévenir et gérer les impacts environnementaux.

15. Un commentaire sur la physique quantique et l'intelligence artificielle ?
Ce sont deux piliers de la science du XXIe siècle. Leur convergence ouvre des perspectives inédites en simulation, traitement du signal, détection et contrôle à l'échelle nanométrique.

16. La physique interagit avec d'autres sciences. Quelles implications voyez-vous ?
Elle irrigue la chimie, la biologie, l'ingénierie, l'informatique. Les communications ont montré l'importance des approches pluridisciplinaires dans la résolution de problèmes complexes.

17. Comment voyez-vous l'avenir de la physique ?
Prometteur, mais conditionné à un meilleur financement, à l'ouverture des carrières aux jeunes et aux femmes, et à la création d'environnements propices à la recherche collaborative.

18. Quels défis pour l'enseignement de la physique localement ?
L'inadéquation entre théorie et pratique, le manque de matériel, la faible attractivité des filières scientifiques et la désarticulation entre formation et emploi.

19. Et pour la recherche ?
Manque de financements, faible culture de publication, isolement académique, difficulté d'accès aux revues et aux équipements.

20. Quelles questions sociétales soulève l'enseignement de la physique ?
L'équité d'accès aux filières scientifiques, la place des femmes dans les STEM, la déconnexion entre recherche et besoins locaux.

21. Quelles technologies peuvent émerger dans un avenir proche ?
Capteurs intelligents, énergies renouvelables, microsystèmes embarqués, dispositifs médicaux basés sur les rayonnements.
22. Quel message aux jeunes ?
La physique est une aventure de l'intelligence. Elle forge l'esprit critique et donne les outils pour comprendre, créer, et agir sur le monde. Osez la science, elle vous rendra libres.

23. Une question à laquelle vous aimeriez répondre ?
Oui : "Pourquoi est-il urgent de financer la physique ?". Parce que c'est elle qui crée les fondements de toutes les technologies d'avenir.

24. Quel autre événement est programmé ?
Une école d'été sur la science des données et ses applications en physique, co-organisée avec une université européenne et prévue pour bientôt.

25. Un mot de la fin ?
La science n'est pas un luxe réservé à quelques-uns. Elle est une condition de souveraineté, de dignité et de justice sociale. L'Afrique doit reprendre la main sur sa destinée scientifique.
Propos recueillis par M. Ntanta Claude